mardi 9 juin 2009

Cadeau

Voilà un délicieux texte qui m'a touché au coeur:


" Je me suis éprise de tout…
par Mariana Fulger

Il y a des lieux vers lesquels tu te diriges chaque jour, alors que vers la mort, il ne t'est donné qu'une seule fois d’y aller ou jamais … des lieux, tant de lieux où tu pourrais aller, mais tu ne sais pas comment les atteindre ou bien tu ne sais même pas qu’ils existent, ou alors tu te dis qu’il y en a d’autres plus urgents à faire...
Il y a des êtres et des choses auprès desquels tu passes sans savoir qu’ils existent, ou dont tu t’émerveilles une seconde dans ton allure pressée. Il y a des êtres et des choses que tu essaies d’éviter… tu ne peux écrire que sur quelques-uns uns chaque jour – je ne sais si nous suivons leurs traces ou si c’est eux qui nous suivent depuis un nuage ou d’un océan d’âmes se balançant en marge du temps. L’amour est un air qui agrandit nos ailes et allège l’argile – disais-je au sujet des gens- voyant comme ils se précipitent comme des aigles avec des corps de papillons quand ils aiment. Qu’est-ce qui fait vos ailes si grandes – ai-je demandé à deux amoureux qui essaient de résister aux pales du vent né soudainement. Nous ne savons pas, ont-ils répondu et ils se regardaient avec tant d’amour… alors j’ai commencé à apprendre et je n’ai plus articulé aucun mot. Ils étaient comme une sorte de fenêtre par laquelle je regardais leur monde infini, mon monde de chaque instant et j’ai su – mais cela ne comptait plus, de fait, j’étais devenue moi-même un papillon aux grandes ailes.
Et je me suis éprise d’une lumière scintillante dans une vitre tissée aux coins de toiles d’araignée et d’insectes desséchés. C’était le soir et il semblait s’efforcer de ne pas sombrer dans les ténèbres – une sorte de signe roulant, doré, qui mordillait dans l’ombre gris écarlate qui s’étendait par les fenêtres, vie mordant la mort… je me suis éprise d’un vieillard qui portait sur ses épaules le ciel et dans sa main la photographie ternie d’un enfant; d’une jeune femme qui se lavait la nuque et les talons avec la rosée; d’une feuille de charme qui se balançait au soleil dans l’œil d’un écureuil; d’une chaussure éculée pêchée dans l’eau du lac à midi; d’une marchande des quatre saisons, entre deux âges, qui vendait des gobies au coin du musée des arts; d’un mathématicien parfaitement incapable de se choisir une cravate; d’une douzaine de roses attachées par un ruban en raphia vert, libre aux extrémités tels deux chemins vers l’éternité; d’un stylo qui n’a plus voulu écrire de choses tristes; d’un éditeur qui aimait et haïssait les pluies et les femmes; d’une étiquette bleue à moitié défaite d’une boîte d’agrafes de bureau; d’un tramway qui arrivait à la même heure sur une ligne inexistante; de tous les voyageurs qui disaient qu’ils allaient descendre au terminus au petit matin; d’une âme hébétée autour de la mienne avec une ombrelle et un feuillet extrait d’un livre de poésie; d’une couverture de cahier imprimée avec des petits nuages et des enfants avec de petits parapluies et des arrosoirs. Je me suis éprise d’un pianiste quelque part dans un conte ; de moineaux et de mésanges charbonnières picorant des graines de ciel; d’un magnolia en fleur à la fenêtre; d’une sirène de bateau et des galons d’un général d’espérances; d’un balai de paille qui ramassait les emballages des caramels et des biscuits, des coquilles de tournesol et les mégots de cigarettes dans une gare de province; d’un ingénieur à l’allure de bouleau pensant; d’une branche portant des coings veloutés; d’un copeau de bois qui me rappelait d’anciens luthiers et leurs violons jouant le soir au bord de la mer ; je me suis éprise de tellement d’êtres et choses… j’ai regardé en eux jusqu’à la sensation de sommeil et je me suis dit que les âmes, quelles que soient leur représentation énergétique, matérielle, sont une forêt de grands oiseaux qui se retirent vers le coucher du soleil laissant derrière eux des étendues auxquelles seuls les yeux ont su donner un nom et un temps. "

*Traduction: NicolePottier

Déniché avec bonheur sur http://francais.agonia.net/index.php/personals/13890999/index.html
Mieux connaître l'auteur:
http://francais.agonia.net/index.php/author/0017418/index.html#bio

1 commentaire:

  1. En lisant ce texte, je perçois de nouveau le charme magique et poétique que recèlent certains mots. Alors, lorsqu'ils sont harmonieusement juxtaposés, reliés, mêlés les uns avec les autres, ils nous entraînent un peu plus vers de belles images, vers le bonheur...
    Merci pour cette fenêtre ouverte sur un coin de ciel bleu.

    RépondreSupprimer

Pour vous aider à publier votre commentaire, voici la marche à suivre :

1) Ecrivez votre texte dans le formulaire de saisie ci-dessous
2) En dessous de Choisir une identité, cocher Nom/URL
3) Saisir votre nom (ou pseudo) après l'intitulé Nom
4) Cliquer sur Publier commentaire

Voilà : c'est fait.
Et un gros MERCI !!!!

Humeur du jour

 Un si long silence! Au début, j'étais préoccupée par de nombreux rendez-vous médicaux puis le non désir pointa son nez et je m'éloi...