Le mercredi 26 novembre 2003
Le Mouvement estrien pour le français (MEF) à décerné son Prix du mérite en français à deux étudiantes de l'Université de Sherbrooke (U. de S.).
TEXTE DE JULIE SIMARD
Mon héritage culturel : ma langue…
Mon identité culturelle m'a été transmise dès ma naissance par ces quelques mots : «Je t'aime…». Un murmure maternel m'insufflant pour le reste de ma vie une appartenance et une dépendance à la langue française qui deviendrait dès lors mienne. Dans toute sa béatitude, ma mère me transmettait en son sein son amour, un cadeau de son héritage culturel.
Avec son jargon, ses expressions, ses onomatopées et ses illogismes, ma langue fait partie intégrante de la jeune femme que je suis devenue avec le temps. Exprimer une joie, une tristesse, pouvoir l'illustrer à l'aide de mots tantôt recherchés tantôt abîmés, pouvoir reposer mes idées sur une phrase imagée. Utilisée de mille et une façons, cette langue m'aura fait gravir les échelons… les échelons de l'amour, les échelons de la vie. Certains mots m'auront choquée, d'autres m'auront fait pleurer. Et si certains m'ont émerveillée, ma langue m'aura permis de transmettre à mon entourage une parcelle de ma personne, une parcelle de l'amour maternel que j'aurai reçu comme premier cadeau de la vie.
Avoir une langue identitaire, c'est aussi s'attribuer une identité culturelle. Car peut-on avoir l'un sans l'autre ? Avec la culture marocaine viendra la langue arabe, avec la culture africaine viendra la langue créole. À chaque culture sa langue. Par sa langue, un peuple transmet son histoire, ses victoires, ses insuccès, ses malheurs mais aussi sa chaleur. Avec chacun de ses mots, sa culture se précise encore plus. Discuter avec quelqu'un faisant partie de sa culture, c'est s'appartenir. Discuter avec quelqu'un d'une culture autre, c'est s'ouvrir et échanger.
Jouer avec les mots, c'est utiliser tant de nuances que ma culture m'a offertes; c'est me donner la chance de transmettre mes valeurs. Écrire le français, c'est utiliser un éventail de preuves de mon adhérence à ma culture. Parler le français, c'est offrir la chance à chacun de comprendre d'où vient ce bagage. Car, après tout, ma culture est francophone, c'est-à-dire ouverte, remplie d'amour, remplie de beaux messages de courage et de persévérance, remplie de rêves à vivre éveillée.
Ma culture est tolérante et l'ampleur de son vocabulaire le souligne d'ailleurs très bien; la panoplie de mots pour s'exprimer est une preuve d'ouverture à tous, leur procurant ainsi un vaste choix de synonymes pour exprimer l'intensité de chacun, respectant aussi leur gamme d'émotions, leur pudeur et leur candeur. Elle respecte les silences, leur donnant une pesanteur ou une signification. Ma langue est, tout comme ma culture, capable d'adaptation; elle peut s'approprier des vocables étrangers et les faire siens. Elle accepte qu'on lui en enseigne toujours plus et qu'on lui offre la chance de fraterniser avec l'autre.
Ma culture m'a permis de m'enrichir à l'aide d'une si belle langue et ma langue m'a permis d'explorer ma culture. Pour moi, cette transmission a été simultanée puisque les deux vont de pairs.
Le jour viendra où, à mon tour, je transmettrai à mon enfant mon savoir et mes origines. Il saura qui je suis, partagera cette culture et connaîtra les tous premiers enseignements de notre langue. Et le jour viendra où il trouvera les mots pour me questionner sur son identité culturelle… alors je saurai quoi lui répondre et réouvrirai les pages de ce texte…
http://www.mef.qc.ca/prix_du_merite_en_francais.htmhttp://www.mef.qc.ca/prix-excellence-mef.htm
Ouf, il reste encore des gens qui aiment leur langue. J'avais tellement peur que notre Français disparaisse à tout jamais au bénéfice de l'Anglais.
RépondreSupprimerMerci pour ce joli texte.
« Par ma foi ! il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j'en susse rien, et je vous suis le plus obligé du monde de m'avoir appris cela. » (Molière)
RépondreSupprimerQuelle superbe chance d'avoir eu la chance de pouvoir apprendre notre belle langue..
C'est un honneur de bien la parler !
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Merci, As.