Cadeau

Je viens de lire les termes "guimauve béate" pour définir les textes de Christian Bobin. Ca tombe bien: j'adore la guimauve et je suis une contemplative béate de la vie. Moi, j'aime Bobin!

"Les paroles appellent, les visages fascinent,
les gestes aimantent et soudain tout ce complot du visible échoue,
soudain nous devenons rêveurs c'est-à-dire ramenés à l'essentiel
par la vue d'une fleur si pauvre,
si proche de la terre qu'il faut presque s'agenouiller
pour bien la voir et méditer sa leçon de silence."

"Le sourire est une chose sacrée,
comme tout ce qui répond par une réponse
plus grande que la question.
Moi qui suis entêté de solitude,
je dis que le plus merveilleux de tout, c’est le sourire.
C’est une des plus grandes finesses humaines."

"Marcher dans la nature,
c'est comme se trouver dans une immense bibliothèque
où chaque livre ne contiendrait que des phrases essentielles. "

"On n'a jamais rien fait grandir avec des principes. On ne fait pas pousser une fleur avec des idées sur la botanique mais avec de l'eau, de la lumière et de la patience, beaucoup de patience, au jour le jour. On transmet à un enfant ce qu'on est - jamais ce qu'on croit qu'il faut être. On est élevé par des gens qui ont été enfants : c'est donc leur enfance à eux qui nous élève."

"Les hommes vont en aveugles dans leur vie.

Les mots sont leurs cannes blanches."

"A quoi ça sert de lire. A rien ou presque. C'est comme aimer, comme jouer. C'est comme prier. Les livres sont des chapelets d'encre noire, chaque grain roulant entre les doigts, mot après mot. Et c'est quoi au juste, prier. C'est faire silence. C'est s'éloigner de soi dans le silence. Peut-être est-ce impossible. Peut être ne savons-nous pas prier comme il faut : toujours trop de bruit à nos lèvres, toujours trop de choses dans nos coeurs. Dans les églises, personne ne prie, sauf les bougies. Elles perdent tout leur sang. Elles dépensent toute leur mèche. Elles ne gardent rien pour elles, elles donnent ce qu'elles sont, et ce don passe en lumière. La plus belle image de prière, la plus claire image des lectures, oui, ce serait celle-là : l'usure lente d'une bougie dans l'église froide."

Tous ces extraits ont été trouvés sur http://brikkabrak.canalblog.com/archives/pensees_de_christian_bobin/p10-0.html