samedi 23 janvier 2010

Haïti

"René Depestre est un poète et écrivain né le 29 août 1926 à Jacmel en Haïti.

Il publie en 1945 ses premiers vers dans le recueil Étincelles. Engagé dans la vie politique de son pays, il est incarcéré puis doit quitter son île natale pour partir en exil en France puis à Cuba. Il y exerce pendant près de vingt ans d'importantes fonctions aux côtés de Fidel Castro et Che Guevarra. Il continue à écrire des poésies et publie notamment Minerai noir en 1956 dans lequel il évoque les souffrances et les humiliations de l'esclavage.

Son roman Hadriana dans tous mes rêves (1988) reçoit le Prix Renaudot, le Prix du roman de la Société des gens de lettres et le Prix du roman de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. En avril 2007, il fut le lauréat du Prix Robert Ganzo de poésie pour son livre La rage de vivre édité aux éditions Seghers.

René Depestre poursuit son oeuvre d'écrivain-poète à Lézignan-Corbières où il s'est installé dans les années 1980.

René Depestre est l'oncle de Michaëlle Jean, journaliste et Gouverneure générale du Canada."

Ti-Jean Sandor
Je suis Ti-Jean Sandor
Je suis le prince Sandor
Je suis un coq-pied-fin
Je suis Ti-Jean-pied-sec
Je perche mon cœur
Au sommet d'un palmier
Je sers des deux mains
Je marche à reculons
Bras croisés dans le dos
Je fais éclater devant moi
Des charges de poudre
Je laisse derrière moi
Un long sillage de chaînes
Je change mon cadet de West-Point
En un beau chien de race
Que je mords à l'oreille
Je suis un grand mangeur
De chiens blancs je suis
Un taureau à cent graines
Je change mon étudiant de Yale
En chaudière à trois pattes
Je suis bakoulou-baka
[...]
La haine ne quitte jamais mes os
Ni mon sang ni ma peau
Même quand la nuit je dors
Son astre noir ouvre en moi
Des yeux qui sont des griffes
Si on me laisse aller au bout
Dans ma nuit de fiel je lierai
Mes muscles à ceux du cyclone
Et des tremblements de terre
Pour engloutir ce Sud amer
Et l'autre Sud qu'on a ouvert
Au flanc de mon Afrique
O Haine ma grande santé
Je plonge mes tempes brûlantes
Dans le bleu glacé de tes ondes
Je plonge mon peuple tout nu
Dans ce fier courant lustral
Je plonge nos tigres nos lances
Nos plaies nos cris nos soifs
Nos plumes nos couteaux nos larmes
Dans cette trombe d'eau bénite
Et nous voici à jamais baptisés
Tous forçats noirs du monde
Nous voici enfin mûrs
Pour donner à nos complots
De grandes ailes blanches
Comme les orgies de la haine
Au cœur blanc du Sud !


René Depestre

2 commentaires:

  1. Nous sommes assez loin d'Aimé Césaire avec ce texte. Bien sûr, je suis dans ma vie de tous les jours prêt à me placer du côté des opprimés. Je n'avais pas choisi de servir les enfants en difficultés pour rien. Mais je crains les vengeances, les revanches qui utilisent les mêmes armes que celles qui ont déjà tué. On assiste à une progression dans le monde face aux problèmes du racisme : l'Afrique du Sud n'est plus sous l'apartheid, les USA ont un Président noir. Ce ne sont plus des "complots" qu'il faut fomenter mais des réconciliations qu'il faut mettre en place. Déjà considérons que chaque être humain en vaut un autre.

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Et un gros MERCI !!!!

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