Cadeau

J'avais conservé ce magnifique texte bien au chaud dans mon coeur et accessoirement mon ordinateur. Il s'agit du discours de mariage d' Isabelle Alexandrine Bourgeois et je vous l'offre volontiers aujourd'hui. J'ai plaisir à le partager et j'espère que les personnes concernées ne m'en tiendront pas rigueur.   

"Chers famille, chers amis,

Combien de fois ai-je cru avoir rencontré le grand amour ? Combien de fois ai-je dit « Je t'aime » dans la meilleure intention du monde alors que cette même intention était la pâle réplique d'un amour vrai ? J'ai dormi longtemps alors que j'avais la certitude d'être éveillée? Aaah ce pauvre « je t'aime » ! De combien de déguisements est-ce qu'on l'affuble ! Tenez par exemple, du costume de corsaire pour posséder l'autre et l'attacher au tronc de ses attentes, de la majorette pour faire marcher son conjoint au bâton et à la baguette, de clown pour détourner nos souffrances par des rires et des blagues, de cow-boy pour chevaucher l'aventure sans lendemain, de l'infirmière pour se soigner en soignant l'autre, de la soubrette en mini jupe pour assouvir ses fantasmes, de la bergère pour devenir mère, du pharaon pour s'offrir un bain d'exotisme, du grand vizir pour se rassurer par le pouvoir ou par l'argent, du chevalier pour chercher vertu et protection. Sans oublier Superman de l'humanitaire pour se rendre indispensable ou Blanche-Neige pour faire mine d'avoir les mains blanches? Bref, quand il s'agit de dire « Je t'aime », la mascarade est un cortège sans fin ! 

Et moi-même, inconsciemment et en toute sincérité, combien de contrats maquillés ai-je passé avec les hommes qui ont croisé ma route ? Avec du recul et un sens du discernement naissant, je vois que j'ai aimé pour faire plaisir ou pour par provocation, pour rapprocher des cultures, par passion, par défi, pour sauver l'autre ou pour m'enorgueillir d'une beauté qui ne m'appartenait pas... Ce que je croyais être de l'amour n'était que le reflet du soleil qui se cachait derrière. En même temps, je chéris et bénis ces visages divers de l'amour car ils furent un passage obligé pour apprendre à m'en passer et à reconnaître celui qui sourit derrière les masques. Sans eux, sans avoir eu la chance d'explorer leurs stratagèmes, leurs embûches ou leurs détours, je n'aurai jamais gravi les marches qui m'ont conduit jusqu'à toi mon Jacques, mon amour sans fard ni masque... mon amour dépouillé de toutes projections et riche d'une authenticité simple.

La recherche de l'amour vrai est comme une ascension: plus vous prenez de l'altitude, moins vous croisez de monde. Et c'est sur une cime, sous la solitude du ciel, que je t'ai rencontré, seul toi aussi, butinant une pâquerette ici et là, toi-même en quête de la fleur digne d'être épinglée à ta boutonnière?

Enfin, je crois que j'aurais raté ce rendez-vous avec toi, le 17 juillet de l'an dernier, si je n'avais pas été façonnée aussi par les mains de ma famille et de mes amis présents ce soir. Chacune d'elle, en conscience ou non, m'a portée jusqu'à toi. J'aimerais donc vous remercier du fond du coeur de votre fidélité, de votre patience, de votre confiance et de votre soutien inconditionnel quand bien même j'ai eu un parcours disons « atypique » ? Exotique ? 

Pour moi, l'amour n'est autre que l'apprentissage de la conscience. Et c'est en tout conscience que je t'épouse aujourd'hui mon Jacques, même après trois verres de vin ! Maintenant, je souhaite porter un toast à tous ceux qui ont contribué à ce bonheur à la fois vivant et paisible que je déguste avec toi depuis un an jour pour jour. Un accomplissement de l'amour qui n'est ni un but ni une finalité (ou alors nous serions bons pour nous réincarner en moustique!) mais un détendeur d'une nouvelle aventure qui sera grande et belle. Ne jamais s'endormir, ne jamais s'assagir, voilà le secret !

Le 17 juillet 2007, jour de mon mariage avec Jacques Polony, le petit prince de Sologne..."



Isabelle A. Bourgeois

...et je vous recommande aussi chaleureusement son site http://www.planetpositive.org/