mercredi 11 janvier 2012

LEON-PAUL FARGUE


De jolies pépites de Léon-Paul Fargue... Je savoure..

"La rue est triste comme une porteuse de pain 
congédiée, et toutes les maisons ont mis leur tablier 
gris.. Là-haut les marches vieilles et caves tou- 
chent ce ciel songeur qui est le front de toutes 
choses.. Un quinquet penche sa tête creuse où 
brûle encore, comme un rappel de fièvre au soleil 
neuf, la huppe d'une pensée, d'une vieille pensée 
qu'on n'a pas tuée.. 
L'aube se hausse pour mieux voir.. Et de vieux 
murs se sont rajeunis !.. La pie qu'on a oublié de 
rentrer et qui a passé la nuit à la fenêtre nous le 
raconte en balançant sa cage...."
"J'allume pour nous deux les lampes.. Une parole 
heureuse, un visage de femme, une fenêtre brû- 
lante, des voix connues passent et se brisent.. 
Ah je voudrais serrer tous les souvenirs sur ma 
poitrine, en bouquet, pour te les offrir. Mais ils 
sont lointains comme des signaux. Signaux du 
soir, avec leur douceur menaçante.. Fanaux des 
trains et des bateaux, qui ont toujours ce regard 
triste.. Signaux d'amour, tendres et fins comme 
des cœurs à la fenêtre.. Signaux du ciel, un peu 
perdus, comme des fleurs dans un champ d'ombre... 

De beaux accords plans se recouvrent. La mer 
qui remonte. Un rayon de Chopin m'arrive — et 
fait la lumière où je veux m'étendre — sans plus 
rien dire — avec un ami qui sache tout de 
moi-même, qui me reproche tout — et qui me 
pardonne.. "

"Mauvais cœur... souffle une voix nocturne. Et 
je songe à l'enfant que j'ai battu jadis, dans un 
jardin d'automne tout encagé d'or. — Ce fut un 
jour étrange, en vérité. Le soleil donnait sa 
langueur cà tout. Des conseils d'amour et de mort 
parlaient par les bruits les plus vagues. On avait 
envie d'embrasser les beaux enfants qui jouaient 
dans les parcs, auprès des jolies mères, ou de les 
frapper... 

Nous courions sous des arbres très hauts, bien 
pris dans la lumière, et qui secouaient parfois 
leurs chaînes de songes, de toute leur taille, à 
grands bras tristes. 

... Le vent remuait ses plis lourds pour aller 
tourner plus tard, ailleurs, une ronde sableuse en 
forme de crosse, avec un bruit lin et qui se calme... "


Merci à http://www.archive.org/stream/pomessuivisdep00farg/pomessuivisdep00farg_djvu.txt

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