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Nous avons tous cette conviction erronée que le bonheur est dans les objets : si je peux être uni à ce que j'aime je suis heureux, si je ne peux pas, je souffre. Et l'affirmation étonnante de ces enseignements qui nous sont proposés et que nous pouvons vérifier, c'est qu'il y a là une illusion. Le bonheur, l'état complètement heureux, nous est intrinsèque, c'est notre véritable nature dont le jeu des désirs et des refus nous exile sans cesse. Un désir se lève : je veux quelque chose et, tant que je ne l'ai pas, il y a une frustration, il y a un manque et ce manque est ressenti comme souffrance. Il nous aliène de ce qu'on appelle généralement notre vraie nature ou la vraie nature de l'esprit, qui, elle, est naturellement, intrinsèquement heureuse et parfaite. Au moment où nous nous unissons à ce que nous aimons, nous croyons : cette femme m'a rendu heureux ou cette chaîne hi-fi m'a rendu heureuse, alors que c'est faux, que ce n'est pas ainsi que cela se passe. En fait, la frustration, la tension due au désir ressenti comme un manque à combler vous a exilés de votre vraie nature qui est complètement heureuse : sat chit ananda, l'être, la conscience, l'état de bonheur parfait, qu'on traduit par béatitude ou bliss en anglais.
Extrait de Bienvenue sur la voie, de Arnaud Desjardins aux éditions La table ronde, 2005
"Je suis heureux"
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de Serge Carfantan
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Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais il y a quelque chose qui sonne étrangement artificiel dans l’affirmation « je suis heureux ». Il y a presque une sorte de malaise implicite dans cette formule. Pourquoi? « Je suis heureux » sonne faux parce que lorsque le bonheur est là, je, n'est pas. Il n'y a pas de moi pour s'approprier quoi que ce soit et encore moins pour se vanter de la possession exclusive de cet « objet » que serait soit-disant le bonheur. Le bonheur n'est pas un objet. Un objet peut seulement au contact du soi éveiller ce frémissement que l'on appelle la joie. Il n'est pas évident que le bonheur et la joie soient exactement la même essence ou encore que le bonheur doive être formaté sur l’expression de la joie. Le bonheur est un peu comme l’eau tranquille et la joie comme son ondoiement vivant.
[...]
Alors oui, nous nous sommes trompés. Nous nous sommes complètement fourvoyés en voulant appeler un bonheur lointain, En inventant le tourbillon de la poursuite du bonheur. Expression qui ne veut strictement rien dire. Il n'y a rien à chercher qui puisse être le bonheur. L'idée même de recherche suppose par avance que vous êtes privé de ce que vous cherchez et elle implique qu'il vous faut donc poursuivre ce que vous ne possédez pas encore. Vous êtes donc à la merci de tous ceux qui vous proposent une forme de consommable conduisant au bonheur : du canapé convertible, au chalet dans les Alpes, de la prothèse dentaire éblouissante, aux mille et une techniques de contorsions du mental, du corps et des émotions, jusqu'aux aventures les plus lointaines des voyages éperdus. Et pour arriver où ? A Soi. Seulement à soi. On peut donc, à partir de cette illusion vendre des recettes du bonheur. Alors même qu'il ne s'agit que de revenir dans cet espace heureux de l'âme qu'est le bonheur. Alors qu'il n'est question que de coïncider avec la Vie, sans même qu'il soit nécessaire de chercher cette coïncidence. Parce qu'elle existe déjà.
Extrait de "Y-a-t-il des recettes du bonheur", article de Serge Carfantan dans la revue 3ème Millénaire, n° 75
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