mardi 16 octobre 2018

Cadeau





http://artdanstout.blogspot.ca/

J'ai bien été tentée de garder pour moi l'adresse de ce fort beau blog mais je suis une passeuse. Donc je passe et j'espère que vous l'apprécierez aussi! :-)
Et en cadeau, ce fort beau texte:
MES FÊTES À MOI SONT DES INSTANTS

Christian Vézina
3 septembre 2017

[...] J’ai 58 ans, et c’est pas une raison pour mettre du crémage partout. J’en parle parce que je m’en fous. [...]

Les anniversaires m’énervent depuis que je suis petit. [...]

Alors comme plusieurs, je n’aime pas tellement qu’on célèbre mon anniversaire. Cela dit, attention, comme tous ces autres qui n’ont «pas besoin de ça», soyons honnêtes, je ne voudrais tout de même pas qu’on l’oublie. [...]

Au fond, ce que je n’aime pas, ce sont les fêtes obligées... [...]

Mes fêtes à moi sont des instants. Je suis fêté cent fois par jour par mon corps et par des regards, des mouvements, des ombres, des mouvements d’ombres, des reflets, des paroles; je suis fêté par des suites de mots, des chansons, des tableaux, même des photos que nul n’a prises. Le seul vers que j’ai écrit, et dont je suis vraiment absolument et complètement content, se dit comme suit :

«Faste est l’instant»

Je le veux gravé sur ma tombe. Et je le veux recto verso de mon vivant.

Septembre est un bon mois pour les instants : la peinture s’écaille sur le paysage, la chlorophylle s’étiole, les feuilles s’affolent, le ciel a ses premiers frissons avant que d’avoir froid, dans ta nouvelle école tu croises Hélène de Troie, le tambour de ton cœur d’un coup t’a réveillé, les blés sont mûrs et la terre est mouillée, ça sent l’automne, Newton en aura pour sa pomme, c’est le retour du roi, emmailloté de laine, les mains froides un instant sur la tasse brûlante où fume son café dans la paix combattante, dans la maison sur le tapis les pitreries d’un chat heureux, la tête penchée d’un chien curieux et le vol des outardes parmi la nostalgie, la foudre d’un souvenir, des instants, mes amis, des instants, une nouvelle syllabe dans la bouche d’un enfant.

Moi, je préfère l’instant au calendrier, au temps quadrillé. Je préfère même l’instant à l’éternité. L’instant c’est léger; l’éternité j’trouve ça pesant. Et puis ça sent l’encens. Et le vieux curé. L’instant, ça sent pas toujours la même chose. Non, ça sent pas toujours la rose. Mais c’est l’éternité du pauvre. Du pauvre milliardaire frémissant sous la pluie des secondes depuis trois, quatorze ou 58 ans!"

Source :
Un dimanche à ma fenêtre; Christian Vézina, préface de Normand Baillargeon; Éditions Somme toute 2018 (p. 120)

Il s’agit d’un recueil de textes entendus à «Dessine-moi un dimanche» (ICI Radio-Canada Première). L'acteur et poète Christian Vézina participe toujours à l’émission.

1 commentaire:

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