jeudi 21 février 2019

Cadeau



"Devoir d’être heureux
Il n’est pas difficile d’être malheureux ou mécontent; il suffit de s’asseoir, comme fait un prince qui attend qu’on l’amuse ...
Il est toujours difficile d’être heureux; c’est un combat contre beaucoup d’événements et contre beaucoup d’hommes; il se peut que l’on y soit vaincu; il y a sans doute des événements insurmontables et des malheurs plus forts que l’apprenti stoïcien; mais c’est le devoir le plus clair peut-être de ne point se dire vaincu avant d’avoir lutté de toutes ses forces. Et surtout, ce qui me paraît évident, c’est qu’il est impossible que l’on soit heureux si l’on ne veut pas l’être; il faut donc vouloir son bonheur et le faire.
Ce que l’on n’a point assez dit, c’est que c’est un devoir aussi envers les autres que d’être heureux. On dit bien qu’il n’y a d’aimé que celui qui est heureux; mais on oublie que cette récompense est juste et méritée; car le malheur, l’ennui et le désespoir sont dans l’air que nous respirons tous; aussi nous devons reconnaissance et couronne d’athlète à ceux qui digèrent les miasmes, et purifient en quelque sorte la commune vie par leur énergique exemple. Aussi n’y a-t-il rien de plus profond dans l’amour que le serment d’être heureux. Quoi de plus difficile à surmonter que l’ennui, la tristesse ou le malheur de ceux que l’on aime?
Tout homme et toute femme devraient penser continuellement à ceci que le bonheur, j’entends celui que l’on conquiert pour soi, est l’offrande la plus belle et la plus généreuse."
Alain, septembre 1923.


Etre heureuse dépend-il de ma volonté? Suffit-il donc que je le veuille? Quelle est la part dans le bonheur, qui revient à ma volonté et quelle part aux circonstances extérieures? Est-ce que je PEUX être heureuse? Que de questions auxquelles j'essaie de trouver une réponse quotidienne! .

Je tente consciemment et chaque jour, d'être vigilante, sensible aux détails et aux gens. J'accumule les images et les sons qui me touchent et m'émeuvent. Je fonctionne comme un écureuil avant l'hiver, un hamster qui entasse dans ses bajoues en prévision de jours moins fastes.


Mes petits bonheurs (mes cailloux blancs) sont ceux que je ramasse sur le chemin de la vie parce qu'ils sont jolis, parce qu'ils me touchent, m'intéressent, me bouleversent. 
Je les range soigneusement dans un sac à bonheur au fond de ma poche. Dans les moments de doute, j'ouvre le sac et je les sors un à un. Chacun d'eux me rappelle un moment heureux de ma vie.
 Ils sont ronds et polis, si agréables à regarder et à toucher et ils me servent aussi à retrouver mon chemin vers l'essentiel, comme le Petit Poucet! Ils me permettent de retrouver ma route au milieu des embûches. 
Quant aux lourds cailloux noirs qui plombent mes poches - et il y en eut beaucoup trop - ma famille et quelques amis m'ont souvent aidée à les jeter par-dessus bord. Il m'en reste quelques uns d'ailleurs, dont je me débarrasse au fil de réflexions et de rencontres.
Si je glisse la main dans mon sac, je ressors une promenade à 7 h du matin sur la plage du Grau-du-Roi, un repas au restaurant japonais avec un ami, les rires de mes enfants et de mes petits-enfants, les coups de fil quotidiens avec ma soeur, une amie d'enfance retrouvée, un souvenir amoureux joli, joli, des huîtres achetées directement chez un ostréiculteur des Côtes d' Armor et dégustées dans l'heure, la traversée de la Lozère en Septembre au milieu des champs fleuris, une raclette un soir de ski à Montgenèvre, le "je t'aime, mamie" de Léna, la petite main de Gabriel glissée dans la mienne pour m'entraîner et jouer avec lui, les couleurs du ciel chaque matin, la magie de la première neige, une coccinelle qui se pose délicatement devant moi, un orage avec un ciel strié d'éclairs jaunes, un carré (ou plus) de très bon chocolat noir, me déchausser le soir après une journée à piétiner en serrant les dents, m'installer en étoile de mer sur mon lit et soupirer que j'élèverais volontiers une statue à l'inventeur du matelas, respirer l'odeur de la peau d'un bébé, poser le nez dans le cou d'un homme parfumé (et oui, j'aime ça aussi!), pouvoir regarder seule une émission intéressante, écouter et regarder mes trois enfants rire ensemble aux mêmes délires, être bien coiffée, savourer un verre frais de Chardonnay à l'ombre des platanes, découvrir que le dernier livre acheté par hasard est une pure merveille, entrer dans la boutique d'un artisan passionné et papoter des heures, m'asseoir sur un banc et laisser le temps s'écouler, entrer dans une chapelle et écouter le silence, les grandes et belles voix, l'odeur de l'herbe coupée et de la terre mouillée, marcher au bord de l'océan tôt le matin, la tendresse attentive et l'amour sans faille de ma soeur, l'envie de vivre de mes enfants, apprendre et découvrir encore et toujours, m'intéresser et ouvrir mes yeux et mon coeur.
Je referme soigneusement mon sac. Je ne veux perdre aucun de ces souvenirs tendres et si précieux. J'y tiens!

4 commentaires:

  1. Très joli texte Martine. Bizen

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  2. « J’ai connu le bonheur, mais ce n’est pas ce qui m’a rendu le plus heureux », écrivait Jules Renard. On peut avoir « tout pour être heureux » – travail, succès, santé… – sans en profiter vraiment, sans être vraiment heureux. Certaines personnes sont-elles prédisposées au bonheur comme d'autres sont anxieuses ? Que de questions...
    Bonne journée !

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  3. Notre attitude peut soutenir notre aptitude au bonheur. Vouloir que chaque journée soit belle est nécessaire. Cela n'empêche nullement les obstacles et les chutes mais aide grandement à vivre bien. Je suis persuadée que notre éducation et le modèle familial aident à être ou à devenir des êtres aptes au bonheur mais cela ne suffit pas toujours d'où la différence d'appréhension de la vie entre des enfants de la même famille et élevés semblablement.

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Et un gros MERCI !!!!

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