Humeur du matin

Léna est levée depuis un quart d'heure et la maison bruisse de nouveau. Entre le fond sonore des pubs sur la chaîne Gulli, le cri "mamie, je peux prendre ton téléphone?" et ses allers et retours pour choisir ce qu'elle a envie de manger, je dois m'isoler et tenter de faire le silence intérieur. Pas gagné!
Hier fut clos, calme jusqu'à mon départ pour l'arrondissement de l'école de la demoiselle. Je fus enchantée de trouver immédiatement une place de stationnement sur la place du Château à Montchat mais mal m'en prit. Je n'avais pas une seconde anticipé les manifestations des collégiens pour fêter l'arrêt des cours. Je me suis trouvée coincée dans un tourbillon d'une soixantaine de gamins hurleurs et entamant une bataille d'eau. Le robinet du parc voisin servit les combattants et ce fut l'apocalypse. Ma voiture se trouvait au milieu de la bagarre générale et je dus fermer ma fenêtre afin d'éviter les jets.
Cela dura, dura. Les cris joyeux, hurlements rageurs, insultes fusaient et le carnage se calma avec l'arrivée de ce que je supposai être un pion. Le groupe se disloqua à contrecoeur en abandonnant les cadavres des bouteilles en plastique et repartit tranquillement pour reprendre dans le parc voisin. Les retraités et les enfants durent paniquer devant la meute hurlante et la déferlante humide.
Je retrouvai Léna sur le trottoir devant l'école et je fus étonnée de cette sortie avancée et non annoncée.
Retour sous une chaleur brûlante, le corps en sueur.
Arrivées devant la maison, je découvris qu'on nous avait, une fois encore, volé -emprunté?- notre poubelle et je partis à sa recherche en pestant intérieurement. Je la retrouvai dans l'impasse face à la résidence. Des ordures y avaient déjà été jetées. Ce n'est pas la première fois. Des passants s'amusent à jeter leurs détritus et à transporter les poubelles plus loin.
Soirée tranquille, interrompue  par l'appel téléphonique du père de Léna et je les laissai en paix pour se retrouver.
Je reviens sur l'incident devant le distributeur de billets qui se déroula Lundi matin. Je m'aperçois que je me suis auto censurée pour décrire la femme africaine qui m'avait interpellée. Je me suis interdit de mettre des mots sur mes impressions et la réalité des faits. L'actualité déteint et m'influence. Arriverons-nous à une relation des faits édulcorée et politiquement correcte? Que choisir? La vérité crue ou allégée?
Aujourd'hui sera entre filles. Nous partirons un peu avant 11h pour aller chez King Jouets puis au restaurant au Carré de Soie. Un moment entre nous. Je me reposerai plus tard.
Image: https://www.leprogres.fr/lyon/2015/11/17/le-quartier-montchat-en-pleine-mutation-va-recevoir-ses-equipements